L’enseignement à Mayotte : le tonneau des Danaïdes ?

Alors que Mayotte a fait, avec un peu d’avance sur la métropole, sa rentrée scolaire marquée par la présence de la covid-19, le SNETAA-FO s’est intéressé, hors contexte épidémiologique, au système éducatif du 101e département français.

Comme il est impossible de séparer l’école de la société, il est bon de rappeler quelques chiffres : sur une population « officielle » de 212 600 habitants, plus de 40 % des personnes sont en situation irrégulière, le taux de chômage avoisine les 25 % de la population active (45 % chez les moins de 30  ans !), le taux d’illettrisme serait de 73 % parmi les jeunes Mahorais dont 6000 ne seraient pas (ou plus) scolarisés !

Les places manquent : le lycée polyvalent de Mamoudzou Nord, ouvert en 2016, avec 2140 élèves accueillis dans les 3 filières (générale, technologique et professionnelle) est déjà saturé. En dehors des 3 LP qui accueillent entre 700 et 900 élèves, les 7 autres lycées des métiers ou polyvalents ont tous des effectifs de plus de 1500 élèves…

L’insécurité aux abords des établissements scolaires existe toujours, malgré le plan du gouvernement lancé en réponse à la grève générale de février-mars 2018. Pour rappel, l’île avait connu un grand mouvement de revendications sociales et sécuritaires à la suite des violences entre jeunes au lycée de Kahani en janvier 2018. Après 3 mois de blocage, le gouvernement avait promis un plan d’aide comprenant entre autres le renforcement de la sécurité dans les transports scolaires et dans les établissements scolaires, l’embauche de 500 personnels de l’Éducation nationale et la création de nouveaux groupes scolaires (avec des cantines).

Or, pour cette rentrée 2020, dans le second degré, c’est seulement 81 postes à temps plein (ETP) qui ont été accordés par le MEN. Si l’IPS (indice de positionnement social), qui est un des critères utilisés par le ministère pour arbitrer les créations ou suppressions de postes dans une académie, était réellement respecté à Mayotte, il faudrait multiplier par 4 au moins ce chiffre !

Enfin, en ce qui concerne les équipements numériques, devenus outils indispensables du savoir en ces temps d’enseignement à distance, là encore, Mayotte est à la traîne : certains chiffres avancent un équipement inférieur à 50 % des foyers mahorais, sachant que la possession d’un seul smartphone dans la famille suffit à cette dernière d’être comptabilisée comme équipée !

Le SNETAA-FO continue d’exiger des moyens supplémentaires pour Mayotte afin que les élèves puissent tous recevoir un enseignement de qualité et que les enseignants qui font le choix d’y enseigner puissent tous le faire dans les meilleures conditions possibles !