Les retraités, des riches ?

Vraiment ? Analysons.

On comprend que nombre d’économistes regardent ce que deviennent les 13,7 % du PIB en versement de pensions, mais on comprend moins pourquoi certains forcent le trait affirmant que dans une société en crise, les retraités seraient des privilégiés. Une accusation forte que certains utilisent pour demander un recul de l’âge de départ à la retraite, une baisse du montant des retraites, et un rééquilibrage de la répartition des richesses. Mais au bénéfice de qui ? Sont-elles bien vraies ces affirmations portant sur la richesse des retraités ? Analysons en quelques-unes

Niveau de vie supérieur la moyenne : une lutte pour de bonnes conditions de fin de vie

Selon la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES), les régimes de base versent en moyenne une pension d’un montant de 1 472 euros bruts par mois. C’est moins que le salaire net moyen (2 220 euros). Les retraités que nous sommes ne font pas partie de la classe moyenne. Nombre de fonctionnaires ne disposent pas d’une carrière complète et subissent une décote. Certains disposent de moins de 1 219 euros (niveau du seuil de pauvreté) par mois pour vivre. Est-ce suffisant pour une fin de vie digne ? On est très loin de l’opulence décrite par certains.

Propriétaires de leur logement : un long itinéraire de travail vers la propriété de leur maison

Si 50 % d’actifs indiquaient être propriétaires de leur logement, c’était le cas de 82 % des retraités. Si les propriétaires les plus âgés ont majoritairement réussi à atteindre cet objectif, c’est d’abord en remboursant leur emprunt souvent jusqu’à un âge avancé, que, évidemment, les actifs n’ont pas encore atteint puisque encore en activité. Certes, les montants à débourser étaient moindre : la part des dépenses consacrées au logement était de 14 % en France au début des années 1980 et de 29 % en 2019 selon l’INSEE. Mais ce n’est pas dû aux retraités si les prix à la construction ont augmenté de 15 % ces 5 dernières années ! Et rappelons que les salaires étaient moindres à leur époque.

Les retraités ont déjà bénéficié d’un héritage : et ils espèrent en transmettre un à leur tour

Est-ce bien crédible de reprocher aux retraités d’avoir bénéficier d’un héritage avant les jeunes ? Doit-on développer ? Ou bien est-ce un appétit de l’État libéral de s’approprier des fonds supplémentaires sur l’héritage des petites gens, tout en supprimant l’Impôt sur la Fortune (ISF) ?

Ces quelques analyses permettent de se rendre compte que la réalité n’est pas aussi simple qu’on veut bien nous la montrer et qu’on essaie de façon dogmatique de mettre en accusation le montant des retraites.

Retraité·e·s, c’est la fin d’une vie de labeur pendant laquelle les hommes et les femmes ont élevé leurs enfants, aidé leurs aînés à finir dignement leur vie, en participant à la création et au développement du système des retraites alors que le pays était en pleine reconstruction après-guerre, en épargnant pour pouvoir être propriétaire d’une maison où vivre une retraite sans angoisse financière.

On comprend bien que si l’on compare les situations des jeunes à 20 ans et celles des retraités, les richesses ne peuvent être les mêmes. Il serait sage dans ces comparaisons de ne pas dresser les gens les uns contre les autres.
Pour le SNETAA-FO, si l’on veut vivre dans un pays en paix civile, il est préférable d’expliquer l’importance de la solidarité intergénérationnelle et de maintenir les acquis sociaux issus notamment du Conseil national de la Résistance.