L’illusion du plan « un jeune une solution »

Telle une bouée de sauvetage à laquelle chaque gouvernement tente désormais de se raccrocher face aux difficultés économiques et au chômage des jeunes, l’apprentissage est fortement soutenu par les pouvoirs publics et toutes les parties prenantes. Les gouvernements successifs n’ont cessé d’encourager cette voie de formation envisagée à la fois comme une solution au problème du chômage des jeunes et à la demande des entreprises de former au plus près de leurs besoins, réduisant par là ce dernier à un mauvais ajustement entre formation professionnelle et marché de l’emploi.

L’alternance est souvent présentée comme la panacée. Face à l’arrivée de 750 000 jeunes sur un marché du travail dégradé à la rentrée 2020 par la crise générée par l’épidémie de coronavirus, l’exécutif a présenté le 23 juillet 2020 un plan à 6,5 milliards d’euros sur deux ans, « du jamais vu », selon le Premier ministre.

À noter cette année qu’à titre exceptionnel, les CFA pourront accepter les candidats n’ayant pas signé un contrat avec une entreprise avant le début de leur formation. Ainsi, les jeunes qui n’ont pas pu signer de contrat d’apprentissage, vont bénéficier d’une durée prolongée pour rester dans leur centre de formation. La loi « Avenir professionnel » permettait à un apprenti de rester trois mois dans son CFA, le temps de trouver un employeur et de signer un contrat d’apprentissage. Grâce à cette mesure, ils auront jusqu’à six mois pour trouver un contrat d’apprentissage. Un apprenti inscrit en septembre dans un centre de formation aura donc jusqu’au 28 février 2021 pour trouver une entreprise. 

L’objectif est de maintenir artificiellement le nombre d’apprentis déclaré en 2019 ; ainsi mobiliser des moyens financiers importants de l’État sans aucune garantie ni engagement de la part des entreprises.

Il y a aujourd’hui près de 40 000 apprentis sans contrat, soit près de 9 % d’entre eux. Les chiffres sur l’alternance doivent être pris dans leur globalité. La réforme ne permet plus d’aide unifiée pour le transport et la restauration entre autres. Que fait-on si ces jeunes ne trouvent pas d’entreprise d’ici quelques mois ? Cela peut avoir pour conséquence de ne pas embaucher les apprentis actuels en fin de cursus. Tous ces apprentis ne trouveront peut-être pas d’entreprise en 2021.

L’apprentissage ne permet pas aux jeunes de disposer de compétences et de connaissances solides et utiles à l’exercice d’un métier. De plus on observe que la sélection des jeunes par les entreprises produit une concentration des élèves les plus fragiles économiquement et socialement dans la voie professionnelle publique. La scolarisation ne peut pas être conditionnée à un contrat avec une entreprise. Le lycée professionnel doit rester pour les élèves des années d’apprentissage de la citoyenneté grâce à la formation d’esprits éclairés, critiques et émancipés.

Le SNETAA-FO demande le développement de passerelles vers la formation professionnelle initiale, pour que ces apprentis ne soient pas laissés en situation d’échec. Il refuse le développement de l’apprentissage au détriment des LP.