Pourquoi l’enseignement des valeurs de la République passerait-il uniquement par l’EMC ?

Après l’assassinat de Samuel Paty, Jean-Michel Blanquer souhaite « dès la rentrée prochaine » un « renforcement de l’enseignement moral et civique, notamment en termes de nombre d’heures de cours ». Un enseignement qui a évolué depuis la laïcisation de l’école, et qui a été renforcé ces dernières années.

Pour le SNETAA-FO, au lendemain de l’événement tragique du 16 octobre dernier, cet enseignement est fondamental, et nous y tenons ! Mais force est de constater que c’est un peu la cinquième roue du carrosse. Cela crée chez nos collègues une énorme frustration de ne pas y consacrer le temps qu’il faudrait.

Depuis 2015, la réforme de l’enseignement moral et civique (EMC) définit la mission des enseignants par la réaffirmation du sens civique de leur rôle et de la légitimité de cet enseignement à l’École, ainsi que par la recherche d’une transformation des pratiques pour rompre avec le passé au profit d’un enseignement actif. Il s’agissait alors d’unifier ce que l’on appelait jusque-là l’instruction civique à l’école primaire, éducation civique au collège, éducation civique, juridique et sociale au lycée.

L’objectif de l’EMC est d’associer dans un même mouvement la formation du futur citoyen et la formation de sa raison critique. Ainsi l’élève acquiert-il une conscience morale lui permettant de comprendre, de respecter et de partager des valeurs humanistes, de solidarité, de respect et de responsabilité. En février 2020, avec la transformation de la voie professionnelle, les nouveaux programmes d’EMC ont vu le jour mais ils ont rendu plus compliqués l’enseignement et l’appropriation par les élèves de cette matière.

Pour le SNETAA-FO, le contenu de l’EMC est très ambitieux. Il se veut transdisciplinaire mais fait l’objet d’un enseignement spécifique de la part des enseignants d’histoire-géographie. Pourquoi l’enseignement des valeurs de la république serait uniquement le fait d’un seul professeur d’EMC ?

L’EMC doit interroger l’ensemble de l’institution scolaire. Il faut y inclure tous les enseignants et l’ensemble de la « communauté éducative », afin de remettre le plus possible la laïcité sur ses rails. Toutes les disciplines peuvent apporter un éclairage intéressant à cet enseignement.

Par ailleurs, le SNETAA-FO n’a de cesse de mettre en avant l’utilité de développer un enseignement de philosophie en bac pro pour renforcer la formation argumentative des élèves de la voie professionnelle. Les bénéfices pour les élèves sont tangibles et susceptibles de consolider leur citoyenneté grâce au renforcement de l’esprit critique. Il a été noté un progrès dans la confiance, aussi bien en eux-mêmes qu’en l’institution scolaire dont ils accueillent l’offre avec reconnaissance.

Le SNETAA défend la démocratisation de la philosophie en lycée professionnel. Elle participe à instruire, à cultiver, à former des citoyens libres en conscience. Pour donner du sens à cet enseignement, il faut développer la formation des enseignants. Les enseignants doivent être beaucoup plus accompagnés par l’institution. Le SNETAA a obtenu que cet enseignement puisse se tenir en terminale dès la rentrée de septembre 2021. Nous y travaillons âprement et avec force ; nous avons d’ailleurs été reçu pour cela par le doyen de l’inspection générale de philosophie, il y a quelques jours.

Pour le SNETAA-FO, il est évident que l’enseignement de la philosophie pourrait être un levier pour l’enseignement de l’EMC que tous les PLP doivent par ailleurs s’approprier. Il est donc important de continuer à défendre sur le terrain la possibilité pour les équipes pédagogiques volontaires de remplacer ou compenser des heures de co-intervention en heures de philosophie par exemple.